“Evelyne Axell : From Studies to Paintings” dans la Chapelle de l’église Sainte Agnès.
Evelyne Axell : From Studies to Paintings
Du 25 mars au 24 avril 2022.
Malgré sa courte carrière de peintre, Axell a expérimenté de nombreuses techniques et utilisé une gamme de matériaux très différents pour s’exprimer. Cette exposition présente des œuvres exclusives, parfois jamais montrées auparavant, directement liées à son processus de travail ou des variantes de tableaux connus. La plupart des œuvres sont réalisées sur papier, carton ou même papier calque.
Axell a essentiellement utilisé des documents existants pour créer. Elle a commencé par des sources de référence typiques du Pop Art, comme des magazines ou des publicités. Mais très vite, elle a décidé d’utiliser sa propre représentation du corps féminin, en demandant à son mari ou à des amis de prendre des photos d’elle nue. Elle a même fait référence à des photos prises pendant ses vacances, comme à Istanbul. Plus tard, elle fait directement référence à ses propres actes photographiés par d’autres, le principal étant le « happening » qu’elle a organisé lors du vernissage de son exposition à la galerie Foncke de Gand en 1969.
Sa technique de travail était assez ingénieuse. À partir d’un tirage de la photographie ou d’une page de magazine, elle copiait l’image au crayon sur un papier calque, accentuant les contrastes et dessinant leur contour. Elle déterminait ensuite les lignes extérieures de la composition. Elle utilisait un feutre ou de la gouache pour colorer l’image, mais parfois elle numérotait simplement les zones pour indiquer la couleur à utiliser. À un stade ultérieur, à l’aide d’un pantographe, elle agrandissait son dessin avec les ombres sur un papier plus grand qui serait utilisé pour réaliser le dessin final sur plexiglas.
En 1971 – 1972, elle revient aussi occasionnellement à la technique du collage mais, cette fois, en découpant ses propres dessins et en les collant sur un fond de carton argenté assez semblable à ceux utilisés pour ses tableaux en plexiglas. Ces œuvres sont généralement des variantes totalement originales de tableaux en plexiglas plus grands.
Quelques œuvres de l’exposition:
Black is beautiful.
En 1970, Axell a fait campagne contre l’emprisonnement de la féministe marxiste américaine Angela Davis dans le cadre du « Belgian Free Angela Davis Committee ». Son nom figure sur le « Manifeste signé exclusivement par des femmes » du Comité, joint en annexe de la pétition. À peu près à la même époque, Axell réalise un dessin préparatoire sur papier calque, le portrait d’une femme noire portant la coiffure afro, également adoptée par Angela Davis comme une déclaration politique de « fierté noire ». Axell a tiré le portrait de la page d’un magazine français (vraisemblablement Paris Match) où l’on pouvait lire « Black is Beautiful. Aujourd’hui les Noirs sont fiers d’être noirs ». Ce dessin préparatoire très précis n’a jamais été réalisé en peinture et reste la seule trace de ce projet.
Campus 1.
L’année même de son engagement pour le cas d’Angela Davis, Axell a créé une autre peinture très politique, « Campus », commémorant les événements de la fusillade de l’université de Kent State. Le 4 mai 1970, des gardes nationaux avaient tiré sur une foule d’étudiants qui manifestaient contre la guerre du Viêt Nam à l’université d’État de Kent, dans l’Ohio. Quatre étudiants furent tués, un paralysé à vie et huit autres blessés. Inspiré par la couverture du Time Magazine du 18 mai 1970, ce collage sur papier est une variante ultérieure de la peinture représentant Mary Ann Vecchio, une amie des étudiants abattus, à genoux devant l’un de leurs cadavres, en état de choc et d’horreur.
Trois études pour « L’assemblée libre » – Vernissage 2.
En 1969, Axell organise un Happening à la Galerie Foncke de Gand, en Belgique, et fait entrer dans la foule une jeune femme nue qui porte qu’un casque d’astronaute, ce qui masque son identité (elle est l’épouse d’un collectionneur connu). Sur fond de musique langoureuse, Axell a ensuite rhabillé son modèle en commençant par ses bas, sa culotte et son soutien-gorge, avec une « sensualité qui a mis le public en extase », séduisant comme un strip-tease inversé. La soirée s’est terminée par un débat houleux mené par le grand critique d’art français Pierre Restany et les critiques belges Jean Dypréau et Karel Geirlandt sur le thème « La révolution sexuelle dans l’art ».
Le « Happening » a été documenté par des photographies et Axell a utilisé certaines de ces images comme inspiration pour des tableaux ultérieurs tels que « L’assemblée libre » et « Vernissage » représentant ce « striptease inversé » observé par le critique belge Jean Dypréau.
Etude pour « L’esprit critique ».
Cette étude, qui a débouché sur un tableau majeur faisant désormais partie de la collection du Musée d’Art Moderne de Gand (SMAK), s’inspire également de deux photographies prises pendant le « Happening ».
L’arrière-plan représente l’écrivain et critique d’art belge Karel Geirlandt, qui deviendra plus tard le fondateur du Musée d’Art Moderne de Gand, observant l’événement avec intérêt.
Au premier plan, deux femmes discutent.
Celle de gauche est Evelyne Axell et celle de droite est Denise, la femme qui est apparue nue avec un casque d’astronaute quelques instants auparavant.
Souvenir d’un voyage à Istanbul.
En juillet 1969, Evelyne Axell se rend en Turquie pour des vacances et son époux, Jean Antoine, prend une photographie d’elle dans un cimetière musulman aux pierres tombales très « phalliques ». En arrière-plan, apparaît l’actuelle mosquée Hagía Sophía, symbole d’Istanbul. Cette photographie a inspiré ce projet et a donné lieu à une œuvre actuellement exposée au Delta à Namur, en Belgique.
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