Le chant d’une égérie contestataire.
Extraits:
Au premier étage de l’indispensable centre d’art contemporain bruxellois, trois artistes se partagent de plus modestes mais intéressants espaces. Trois expositions explicites signées : Lorna Macintyre, Kasper Akhoj, Evelyne Axell. Cette dernière nous intéresse tout particulièrement.
Célébrée fin 2009 à la Broadway 1602 Gallery de New York, épinglée avec un piquant « Retour de Tarzan » dans « Elles » au Centre Pompidou, la voici à la une, jusqu’au 20 février, d’une impressionnante expo « Power Up » à la Kunsthalle de Vienne. Elle en assure l’affiche à travers la ville avec un autoportrait, « Ice Cream », subtilement provocateur. Ce n’est pas tout : cette expo s’en ira, au printemps, à la Kunsthalle de Hambourg, celle du Wiels, rejoignant alors un centre culturel hambourgeois. A la Fiac de Paris, son « Herbe folle » avait conquis un collectionneur anglais et à la Freeze, à Londres, le directeur de la Warhol Foundation s’était montré fou de joie en acquérant un de ses dessins, clamant : « Axell est l’équivalent féminin de Warhol, à l’avant-garde du féminisme et surtout de l’érotisme féminin ! »
Récent, le phénomène de la mise sur le pavois des femmes artistes est éloquent. Deux des tableaux d’Axell sont ainsi en verve au Musée de Brooklyn qui fait les yeux doux au Pop art. L’espace nous manque, mais après celles de Namur, d’Ixelles et d’Ostende, l’expo Axell, du Wiels, témoigne superbement de l’originalité, de l’audace, de la force de frappe d’un travail qui, aux prises avec les élans revendicatifs – libération de la femme, du sexe, des énergies – des chaudes années 60, osa provoquer et dénoncer en recourant à des matériaux neufs comme le plexi, à des couleurs explosives comme l’orange roi ou le vert cru, à des raccourcis eux-mêmes saisissants. « Thérapie de groupe », « L’assemblée libre », « Le joli mois de mai », « Campus », « Les pâquerettes », « La terre est ronde », « Tableau à caresser » Ces titres de tableaux montrés au Wiels devraient suffire à vous mettre l’eau à la bouche. Or, cadeau supplémentaire, d’émouvantes esquisses de travail les accompagnent. C’est du solide, c’est magnifique !
5 janvier 2011
(Photo Jef Jacobs)